Entretien avec Gilles, le capitaine du Pourquoi Pas ?
« Je suis un des vieux commandants d’océanographie de l’Ifremer – Genavir. Ça fait 22 ans que je commande des bateaux océanographiques et ça fait 32 ans que je suis rentré dans la compagnie. »
« J’ai une formation de marine marchande. Au début, j’étais sur des cargos pour apprendre le métier, puis très rapidement j’ai pu bifurquer vers ce type de bateaux spécialisés. J’ai trouvé ça beaucoup plus rigolo et plus intéressant que de transporter de la marchandise pure. Ironie du sort, j’ai commencé par les vieux bateaux comme le Jean Charcot et maintenant, je commande le Pourquoi Pas ?, le bateau de Charcot. »
« Sur la mission à proprement parler, mon travail principal et important c’est de vérifier la bonne mise en œuvre des engins sous-marins. C’est la partie délicate. Ils sont pilotés par une équipe de spécialistes, mais finalement la décision de les mettre à l’eau, ou de ne pas les mettre à l’eau, est le moment délicat, et ça c’est plutôt moi qui en ai la responsabilité. C’est aussi moi qui dirige la manœuvre globale, puisque c’est une manœuvre un peu dangereuse. Si on abime les engins, c’est tout de suite des dizaines de milliers d’euros de dégâts, donc c’est important d’être attentif à ce moment-là. Ma responsabilité est engagée d’abord là-dessus. Et puis il faut veiller au bon fonctionnement du bateau en général, de la vie du bateau. Ce qui n’est pas spécialement dur quand tout tourne bien. C’est bien organisé donc ça tourne quasiment tout seul. »
« Je peux parler du fait qu’on se connait déjà bien avec Javier, l’un des chefs de mission. On a déjà fait deux grosses missions ensemble sur les mêmes thématiques, dont une un peu dans le coin. C’est toujours un plaisir de retravailler avec des gens qu’on connait. On a déjà créé des liens, c’est plus facile. Je pense que ça donne plus d’efficacité. On se comprend bien. »
« Sinon, c’est pour nous une mission un peu classique puisque c’est un site, Rainbow, qui a déjà été étudié et sur lequel ce n’est pas la première fois qu’on vient travailler. Mais c’est toujours intéressant parce que chaque fois c’est une mission nouvelle. Là, on explore de manière différente de la première fois. C’est toujours intéressant ou nouveau pour nous. »
« Il faut être curieux et il ne faut pas avoir peur. Ça prend du temps, il faut persévérer. C’est toujours assez long d’arriver à faire des choses intéressantes comme ça, mais par contre ça vaut le coup. Donc il faut écouter ses envies et son cœur. Y aller. Et surtout ne pas trop se donner de limites. Parce que ça prend du temps souvent mais… en tout cas, moi je ne regrette pas ! C’est un vrai plaisir de faire ce travail-là ! »